L'esprit de la Bretagne
dans des vins authentiques du vignoble de Nantes

Compte-rendu de lecture de "Sauvons le Muscadet d'une mort programmée" par un illuminé

Et réponse en tribune libre par un obscurci.

Par Romain Reval

S'il fallait trouver une preuve de la pertinence des analyses d'Alan Coraud, un compte-rendu de lecture de son livre par le site Nalo Vegan nous en fournit une belle. Une synthèse, comme disait Michel Audiard.

Juin 2015 : les troupes de Mussolini franchissent la Divatte

Compte-rendu Nalo Muscadet Coraud

Disons-le tout net, nous ne connaissons pas l'auteur de ce compte-rendu. Ou l'auteure. Ou l'auteur-E. On ne sait plus trop.

Se réclamant du "Straight Edge", une doctrine religieuse rigoriste interdisant l'alcool et la consommation d'animaux, l'auteur-E semble d'emblée avoir ressenti un choc anaphyllactique à l'évocation de la thématique bretonne en pays nantais.

Les Papous et les orang-outangs sont sympas. Les Bretons, non.

Eût-il été question de valoriser à l'export l'identité bobo[1] (pas celle du Marais) du sorgho ou du coton burkinabé pour contribuer à la prospérité des producteurs et assurer au consommateur la qualité d'un certain savoir-faire traditionnel et, osons le gros mot, identitaire, notre contradicteur aurait balancé les yeux mi-clos et le sourire aux lèvres, l'encensoir de la Diversité sous nos narines ravies de citoyens du Monde.

Pour l'auteur-E, antispéciste et végétarien tout comme votre serviteur soit dit en passant, il ne fait nul doute et c'est un fait fort bien étudié en éthologie que des sociétés, avec les cultures qui les fondent, existent aussi bien chez les oiseaux ou les vaches que chez les humains ou autres grands singes. Avec les antagonismes que l'on peut imaginer dans les abattoirs…

Mais pour lui, quand le peuple breton se contente de rappeler son histoire et son identité, y compris pour des raisons de survie économique (encore un vilain mot), il ne peut excréter que remugles "féodaux", "business" fascisant ou "chouannerie (…) grotesque". Rien de moins.

Bororos et bonobos, oui, cent fois oui ! Bretons ? Facho ! Nazi ! Ethno quelque chose ! On ne sait plus trop bien.

Quand je connais pas, j'aime pas…

Duchemin, dans "L'aile ou la cuisse", victime d'agueusie réussit néanmoins à identifier un vin rien qu'à sa robe et à en déterminer le millésime. Sous le signe du "Straight Edge", rendant haram toute boisson alcoolisée, on imagine l'auteur-E, l'oeil vif et le poil soyeux, rendant, après simple observation d'une bouteille de Muscadet dans l'éclairage pers de son supermarché bio, un verdict sans appel : le Muscadet est "une piquette destinée à inonder le marché".

On attend avec une impatience teintée d'angoisse sa juste sentence de végétarien sur la qualité des andouilles de Guéméné ou l'évolution du steak tartare chez Kerméné.

Hitler et Staline trinquaient au Muscadet

Pour notre citoyen du Monde, voire du Cosmos, mais comme le sous-entendent les rubriques de son site, néanmoins solidement enraciné, dans la profondeur de l'humus ancestral de sa région Pays de Loire, rappeler l'histoire du vignoble breton et la valoriser pour que les vignerons vivent de leur travail est un acte "réactionnaire" et revient à "célébrer le terroir en mode facho alcoolique". Diable ! De la Chapelle-Basse-Mer à Clisson, on retient son souffle. On en frissonne dans les celliers. Pétain et Hitler, revenant de l'Oktoberfest, grattent au soupirail. Fleur d'ail ! Eau bénite !

Pitres, ladres et grigous, officiels et officieux, défilent et cercueillent le vignoble nantais à grands coups tordus…ne nous manquait que l'ami straight edge[2] illuminé. C'est chose faite.

[1] Les Bobos sont un des principaux peuples du Burkina Faso, avec les Peuls et les Mossis.

[2] Straight Edge, en anglais, "le côté de la Droiture", en référence au dharma, en sanskrit, "ce qui est droit, juste, ce qui doit être". "Straight" voulant aussi dire "non-homosexuel" ou "non-toxicomane" en anglais familier. Dites-le en sanskrit ou en anglais, mais surtout pas en breton…